Avec ses parcs nombreux, ses larges avenues recomposées, son passé, Berlin, ville cosmopolite possède un charme à découvrir! Dans l’attente d’embrasser son patrimoine, sa culture, sa gastronomie guidé par une jeune et dynamique journaliste de Libération en poste dans la capitale germanique, la lecture du roman de Kristrof Magnusson « Urgences et sentiments » nous a permis de sillonner la cité, d’en mesurer les contrastes aux côtés d’une équipe d’urgentistes, Anita Cornélius médecin et son ami Maik pompier.
Jusqu’au-boutiste en intervention dans la sauvegarde des vies humaines, jeune homme incarcéré dans sa voiture accidentée, vieil homme en détresse respiratoire dans son cabanon, retraité vomissant du sang dans sa baignoire, Anita juge avec sang froid et maîtrise l’art du réconfort. Face aux patients, elle trouve toujours une solution mais son entêtement à régenter la vie de ses proches a mis en échec sa vie de couple. Son ex-mari, médecin dans le même hôpital vit désormais avec Heidi une jeune publicitaire. Partagé entre ces deux foyers son fils Lukas âgé de quatorze ans s’éloigne de la tutelle maternelle.
Le roman navigue entre deux expériences, celle très réaliste et documentée des procédures médicales d’urgences, et celle de l’intimité des êtres en proie aux tourments de l’altérité. L’héroïne découvre à la quarantaine qu’il est vain de juger les comportements comme des maladies, les injonctions ne faisant que dresser d’avantage leurs destinataires. On ne déverrouille pas une psyché atteinte d’une dépendance à l’aide d’une simple prescription médicamenteuse! Prompte à vouloir changer les situations qui lui déplaisent, Anita découvre les limites de son intransigeance qui la place en victime des autres dans la pratique de sa vie amoureuse. Pour réussir dans ce domaine, il lui faudra perdre de son obstination confinant parfois à l’intolérance, considérer autrui avec la bienveillance qu’on s’accorde à soi-même pour retrouver l’estime de l’ex mari, du fils ou de l’amant.